La rivalité commerciale sino-américaine : le cas du port péruvien de Chancay

16 mai 2024

La route de la soie

Depuis 2013, la Chine investit des sommes colossales afin de développer un réseau de voies ferroviaires et maritimes regroupées sous le vocable de ‘Nouvelle route de la soie’.

Dans le cas de l’ensemble des installations portuaires que la Chine achète ou construit à l’Étranger, il est à noter que des groupes de réflexion américains lui ont donné le nom spécifique de ‘Collier de perles’. Toutefois, cette expression ne fait pas partie du vocabulaire de l’État chinois.

Ce réseau terrestre et maritime est destiné à favoriser l’importation des matières premières dont l’économie chinoise a besoin et à faciliter l’exportation de ses produits finis.

Puisque le territoire chinois, pourtant vaste, est insuffisant à nourrir les 1,3 milliard de personnes que compte sa population, ce réseau servira également à assurer l’approvisionnement alimentaire de la Chine à partir des terres agricoles que ce pays a acquises à l’Étranger, notamment de ses palmeraies africaines.

Le port de Chancay


 
Une des ‘perles’ du collier chinois sera le port en eau profonde de Chancay. En construction depuis quelques années, il situé à 74 km de la capitale du Pérou. C’est le fruit d’un partenariat entre ce pays et la Chine.

Il s’agit un projet de 3,6 milliards$US destiné à faire de Chancay le ’Shanghai’ de l’Amérique du Sud. Il comprendra des quais, des entrepôts, des équipements de manutention et tout ce qui est nécessaire au fonctionnement du terminal.

Le traité intervenu entre la Chine et le Pérou prévoyait que la China Ocean Shipping Company (ou COSCO) aurait été l’opérateur exclusif du port.

COSCO est une entreprise de Hong Kong détenue par l’État chinois. Œuvrant dans 1 600 ports répartis dans 160 pays, elle est une des principales entreprises de transport maritime et de logistique au monde; sa flotte comprend des porte-conteneurs, des pétroliers, des navires de transport de véhicules ou de transport de marchandise en vrac, etc.

De plus, elle est impliquée dans la construction navale, le courtage maritime, les services de transport intermodal et, comme dans ce cas-ci, la gestion des terminaux portuaires.

L’ouverture officielle des premiers quais du port de Chancay est prévue lors d’une visite du président chinois à l’occasion du sommet de l’APEC, en novembre prochain.

Importance géostratégique

La mise en service de ce port devrait bouleverser le transport maritime en Amérique du Sud.

En 2023, la Chine importait pour 135 milliards$US de marchandises provenant des cinq pays suivants : la Colombie, l’Équateur, le Pérou, le Chili et le Brésil. Les importations chinoises concernaient du lithium, du soya, du maïs, des huiles végétales, du fer et du ciment.

À l’heure actuelle, l’Amérique du Sud compte déjà quatre ports en eau profonde donnant sur le Pacifique. Chancay deviendra donc le cinquième, mais le premier contrôlé par la Chine.

Même si la COSCO s’abstenait de concentrer ses opérations à Chancay (ce qui est douteux), celui-ci pourrait recevoir par train les marchandises que le Brésil destine à la Chine. Ce qui lui évitera le détour par le canal de Panama ou le contournement du redoutable Cap Horn.

Le monopole de COSCO sur Chancay ne signifie pas que seuls des navires chinois y auront accès, mais que les navires des autres pays seraient forcés de faire affaire avec l’entreprise chinoise.

Les États-Unis voient d’un très mauvais œil la construction de ce port puisque cela permettrait de contourner ou de rendre plus difficile un blocus maritime américain contre la Chine.

Déjà, sous pression de Washington, le parlement péruvien a adopté le mois dernier une nouvelle loi qui remet en question la parole donnée par le Pérou à la Chine.

D’où la menace chinoise de porter l’affaire devant les tribunaux de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

C’est à suivre…

Références :
China vows ‘firm support’ for Peru as Foreign Minister Javier Gonzalez-Olaechea Franco visits Beijing
Le port de Chancay au Pérou : une pierre chinoise dans l’arrière-cour des Etats-Unis ?
Liste des ports Panamax
Nouvelle route de la soie
Stratégie du collier de perles
Why is the US uneasy about China’s troubled US$3.6 billion port project in Peru?

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les collabos du colonialisme canadian (2e partie) : l’ensemble des députés libéraux à Ottawa

15 mai 2024

L’adoption de la constitution de 1982

À la suite d’une séance ultime de négociation tenue secrètement en l’absence du Québec, les provinces anglophones du Canada et le gouvernement canadien ont adopté une nouvelle constitution, entrée en vigueur en 1982.

On verrait mal la Grande-Bretagne se doter d’une constitution sans l’assentiment de l’Écosse, du pays de Galles ou de l’Ulster. Mais la députation québécoise à Ottawa — composée à l’époque de 74 députés libéraux et d’un seul député conservateur — n’ont pas vu de problème à changer la loi fondamentale du pays sans l’assentiment du Québec.

Rien n’est plus révélateur du statut colonial du Québec au sein du Canada que l’adoption de cette constitution par l’ethnie dominante du pays. Tout comme n’importe quelle métropole n’hésite pas à imposer sa volonté à ses colonies.

Mais pourquoi Ottawa a-t-il soudainement senti la nécessité d’adopter une nouvelle constitution alors que, jusque-là, celle de 1867 semblait convenir ?

C’est qu’en 1977, le parlement québécois adoptait la Loi 101. Or celle-ci introduisait une nouvelle notion juridique, celle des droits collectifs, plus précisément ceux nécessaires à la protection du français au Québec.

D’où l’urgence, pour Ottawa, d’adopter une constitution qui, au contraire, proclamerait la suprématie absolue des droits individuels, dont celui de s’assimiler au groupe ethnique de son choix.

Pour défendre la légitimité de cette camisole de force constitutionnelle, Ottawa s’est servi des députés fédéraux du Québec comme caution morale.

Puisque 74 députés du Parti libéral du Canada (PLC) couvraient la presque totalité du territoire québécois, Ottawa estimait que ceux-ci étaient aussi représentatifs de la volonté populaire que les députés de l’Assemblée nationale du Québec puisque la population québécoise avait à la fois voté pour les uns et les autres.

En réalité, le parlementarisme d’inspiration britannique soumet les députés à la discipline du parti. Cette discipline s’exerce en privant le député dissident de la rémunération rattachée à la représentation de son parti sur les comités du parlement.

Or à Ottawa, les députés libéraux du Québec sont toujours minoritaires au sein de leur formation politique. Quand vient le temps de défendre les intérêts du Québec, ils le peuvent seulement dans la mesure où leurs collègues anglophones, majoritaires, y consentent.

Ce qui signifie que lorsque le Parti libéral du Canada est au pouvoir, ses députés québécois sont condamnés à défendre ses politiques, même si cela les oblige à trahir les intérêts du Québec.

Ce fut le cas en 1982.

La nouvelle loi sur les langues officielles

De 2006 à 2016, l’usage du français a reculé parmi les 185 500 travailleurs québécois qui œuvrent dans les 3 210 entreprises privées de compétence fédérale établies au Québec.

Au cours de cette période, alors que l’usage du français reculait légèrement dans l’ensemble du marché du travail au Québec (passant de 82,9 % à 80,7 %), ce recul a été beaucoup plus accentué au sein des entreprises de compétence fédérale, chutant de 77,9 % à 71,9 % en une décennie.

Ce recul a été particulièrement marqué dans les secteurs des télécommunications, de la défense, et du transport ferroviaire.

Pour contrer ce déclin, l’Assemblée nationale du Québec a adopté en mars 2021 la loi 96. Parmi ses dispositions, l’une d’elles assujettit les entreprises privées de compétence fédérale à la Loi 101.

Aussitôt, Ottawa a été saisi de l’urgence de moderniser sa propre loi sur les langues officielles. Cette modernisation a pris la forme de la loi C-13, adoptée par le parlement canadien en juin 2023.

Au sujet de la langue de travail, la loi fédérale laisse aux entreprises privées de compétence fédérale le choix de se soumettre soit à la loi C-13 fédérale ou soit à la loi 96 québécoise.

Au niveau des principes régissant la langue de travail, l’une et l’autre sont assez semblables.

La différence fondamentale est dans l’application concrète de la loi.

Au sujet des entreprises privées soumises à son autorité, le fédéral fonctionne sur le principe de l’auto-règlementation; Ottawa exige seulement que les entreprises se dotent de procédures vertueuses et compte sur elles pour les mettrent en application.

C’est ce qui fait que le transporteur ferroviaire MMA, par exemple, a pu opérer de manière très dangereuse pendant des années sans être inquiété par le fédéral, jusqu’à la catastrophe de Lac-Mégantic, conséquence inévitable du laisser-faire d’Ottawa.

Pour revenir au respect du français par une entreprise de compétence fédérale, lorsque celle-ci sera l’objet d’une plainte — du public au sujet de la langue de service ou d’un employé quant à la langue de travail — cette plainte subira un sort bien différent selon que cette plainte sera adressée à Ottawa ou à Québec.

Au sein de la fonction publique québécoise, tous les fonctionnaires parlent français, qu’ils soient francoQuébécois ou angloQuébécois. Dans la fonction publique fédérale, il en est autrement.

La fonction publique fédérale

Avec ses 357 000 fonctionnaires, le gouvernement canadien est, de loin, le principal employeur du pays.

Les fonctionnaires fédéraux se répartissent en deux groupes; ceux qui travaillent dans la capitale nationale (42,6 %) et ceux qui travaillent dans les postes satellites répartis un peu partout sur le territoire canadien.

Dans les postes satellites (ou régionaux)

Ceux qui travaillent dans les postes satellites sont ceux à qui le public s’adresse, par exemple, lorsqu’il appelle ou écrit au ministère fédéral du Revenu ou au ministère de l’Immigration.

Dans d’autres cas, ces fonctionnaires n’ont pas de contact avec le public.

Les postes satellites du Québec sont bilingues au sens où toute personne qui recourt à leurs services sera servie dans la langue officielle de son choix.

Dans les bureaux québécois, les employés se répartissent en trois groupes ethniques; on y rencontre des Francophones bilingues, des Anglophones bilingues et des Anglophones unilingues.

On n’y embauche jamais de Francophones unilingues (soit la moitié de la population du Québec) puisque les fonctionnaires qui y travaillent prennent rarement des décisions importantes; leur rôle est d’étoffer en anglais les dossiers qui seront transmis à Ottawa pour décision.

Dans une cause où un fonctionnaire francophone s’était plaint de n’avoir jamais pu travailler en français, le tribunal a reconnu que la prime au bilinguisme que le fédéral accorde à ses fonctionnaires francophones bilingues correspond en réalité à une somme qui leur est allouée pour la renonciation à leur droit de travailler en français.

Dans la capitale nationale

À Ottawa, les principaux groupes ethniques sont, en ordre décroissant : les Anglophones unilingues, des Francophones bilingues et des Anglophones bilingues.

Les Anglophones unilingues y sont majoritaires pour une raison très simple; le fédéral puise ses effectifs dans la population du pays, majoritairement unilingue anglaise. Autrement, il exercerait une discrimination à l’embauche à l’égard de sa propre population.

Parmi les groupes minoritaires, les Francophones bilingues sont plus nombreux que les Anglophones bilingues parce que c’est également le cas au sein de la population canadienne.

À chaque fonctionnaire francophone qui s’est présenté à la barre des témoins de la commission Rouleau — au sujet du ‘Convoi de la Liberté’ — les commissaires prenaient soin de préciser, dès le départ, que celui-ci était libre de s’exprimer dans sa langue. Pourtant tous ces fonctionnaires francophones ont témoigné en anglais.

Ils ont préféré l’anglais parce que c’est la langue qu’ils parlent habituellement au travail et conséquemment, c’est la langue dans laquelle ils sont le plus familiers pour parler de ce qu’ils font.

De manière générale, il est impossible de faire fonctionner une entreprise lorsqu’on met ensemble des travailleurs qui ne se comprennent pas. D’où la nécessité d’avoir une langue commune. Cette langue est l’anglais à Ottawa et c’est le français à Québec.

Au parlement canadien, on a beau mettre en évidence un conseil des ministres qui reflète la diversité culturelle du pays, dans les faits ceux-ci ne sont que l’interface ministérielle derrière laquelle se cache une machine étatique majoritairement unilingue anglaise et qui fonctionne essentiellement en anglais.

Les plaines relatives aux infractions à la nouvelle loi fédérale sur les langues officielles seront reçues par des fonctionnaires fédéraux, majoritairement unilingues anglais. Pouvez-vous imaginer leur zèle à sanctionner la ‘méchante’ compagnie qui fait travailler ses employés en anglais. What’s the problem ?

Conclusion

Dès que le gouvernement du Québec se dote de moyens législatifs destinés à assurer la pérennité du français au Québec, Ottawa s’empresse de changer la constitution ou d’adopter des lois afin de rendre les lois québécoises inopérantes.

Dans son désir de saboter les efforts du Québec, le gouvernement canadien — toujours dirigé dans ces moments-là par le Parti libéral — peut compter sur sa députation servile du Québec, liée par la ‘discipline du parti’.

En 2016, quand la députée libérale Mélanie Joly, à titre de ministre du Patrimoine canadien, déclare que le premier ministre John-A. Macdonald était un visionnaire qui ‘valorisait la diversité’ alors qu’il a mis en place les politiques génocidaires du Canada à l’égard des Autochtones, il est clair qu’elle ne pensait pas un traitre mot de ce qu’elle disait.

Mais c’est ce que ses fonctionnaires ont écrit pour elle. Alors, au risque de se couvrir de ridicule, elle a obéi. Parce qu’elle est payée pour ça.

La députée libérale Emmanuella Lambropoulos niait récemment le déclin du français au Québec. Quelques jours plus tard, elle en rajoutait en racontant cette histoire invraisemblable du refus d’un médecin de prodiguer des soins en anglais à une angloQuébécoise.

Au fédéral, quand des députés nient le déclin du français au Québec, comment se fait-il que les ‘négationnistes’ soient toujours des libéraux et jamais des députés d’autres formations politiques ?

C’est que les députés québécois du Parti libéral du Canada n’hésitent jamais à servir de façade aux attaques de l’État canadian contre les mesures que nous prenons pour défendre notre langue.

Ils sont les équivalents québécois des hommes de paille du maréchal Pétain au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

« Nous serons toujours là pour défendre les droits des minorités » aime à répéter le premier ministre canadien. Depuis toujours, son parti feint d’ignorer que la plus importante minorité du pays, c’est le peuple francoQuébécois et non l’annexe québécoise de la majorité anglo-canadienne, sujette de tous les soins d’Ottawa…

Références :
Aperçu du fonctionnement interne de l’État canadien
Déclaration de la ministre Joly
109 000 fonctionnaires de plus sous Trudeau
Des entreprises à charte fédérale esquiveront la loi 96
Des libéraux fédéraux montent aux barricades pour les anglophones du Québec
Emmanuella Lambropoulos revient à la charge avec des propos controversés
GRC : de hauts gradés unilingues à des postes bilingues
Immigration Canada recrute des agents uniquement anglophones au Québec
La Commission Rouleau : là où le français relève de l’utopie
La façade ministérielle de l’État canadien
La faillite de la dérèglementation ferroviaire du gouvernement fédéral
Les fonctionnaires fédéraux mal à l’aise d’utiliser le français au bureau
Loi constitutionnelle de 1982
L’OQLF déjà prêt à imposer la loi 101 dans les entreprises de compétence fédérale
L’unilinguisme anglais à Immigration Canada

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Quand l’histoire du Québec débute-t-elle ?

14 mai 2024

Par définition, l’histoire de l’Humanité débute avec l’invention de l’écriture. Avant, on parle de préhistoire.

Pourtant, peut-on imaginer une histoire de la France qui débuterait avec la conquête romaine des Gaules sous le prétexte que les Romains ont laissé des écrits alors que les Gaulois, illettrés, n’ont laissé aucun document antérieur à cette conquête ?

Pour pallier cette lacune, on a créé le concept (controversé) de ‘protohistoire’. Celle-ci se situe entre la préhistoire et l’histoire. Elle couvre l’histoire des peuples illettrés telle que racontée à la même époque par des peuples dotés d’une écriture.

Dans sa rubrique consacrée à l’histoire de France, Wikipédia la divise en quatre époques :
• la préhistoire,
• la protohistoire et l’antiquité,
• du Moyen-Âge à la Révolution, et
• depuis la Révolution.

De la même manière, l’histoire du Québec (au sens général du terme) comprend évidemment l’histoire de nos peuples autochtones. Mais l’histoire proprement dite débute avec la colonisation française au Québec, c’est-à-dire avec l’arrivée chez nous de Samuel de Champlain.

Dernièrement, le premier ministre du Québec annonçait l’intention de son gouvernement de créer un musée national consacré à l’histoire proprement dite du Québec.

Cette décision a aussitôt suscité la controverse. On reproche à ce projet d’ignorer notre préhistoire, celle des peuples autochtones qui occupaient ce territoire depuis des siècles, voire depuis plus d’un millénaire.

Toutefois, selon le dicton, qui trop embrasse mal étreint. En d’autres mots, le premier ministre a sans doute raison de limiter dès le départ l’ambition de ce nouveau musée, quitte à en élargir la portée lorsqu’il atteindra sa maturité.

Ceci étant dit, il serait peut-être avantageux que ce musée présente également notre protohistoire, c’est-à-dire l’époque des voyages infructueux de Jacques Cartier.

En comparant Cartier à Champlain, cela permettrait d’expliquer l’échec du premier (qui s’est mis tous les peuples autochtones à dos), et de comprendre pourquoi le doigté et la diplomatie du second ont rendu possible une présence française en Amérique, une présence qui s’est poursuivie jusqu’à maintenant, en dépit des difficultés qu’elle a rencontrées.

À une époque où le militantisme idéologique de certains tend à gommer les différences fondamentales entre la colonisation française en Amérique et les autres, notre passé (unique dans l’histoire de l’Humanité) mérite d’être présenté.

Or, pour éviter l’appropriation culturelle — si condamnable aux yeux du mouvement woke — cette histoire ne peut être racontée que par nous, quitte à laisser aux peuples autochtones le soin de raconter la leur (aidés par le financement de l’État).

Compléments de lecture :
Colonisation et esclavage en Nouvelle-France
Gabriel Sagard en Huronie
L’époque troublée du premier Irlandais au Canada
Les Sauvages
L’histoire de la Fleur de Lys

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Les collabos du colonialisme canadian (1re partie) : Francis Drouin, député fédéral libéral

12 mai 2024

Introduction

Le 6 mai dernier, le chercheur Frédéric Lacroix et le professeur Nicolas Bourdon se présentaient devant le Comité permanent sur les langues officielles d’Ottawa afin de soutenir la thèse — basée sur les données de Statistique Canada — selon laquelle faire ses études dans un Cégep ou une université anglophone augmentait statistiquement la probabilité de mener par la suite sa vie en anglais.

Prenant la parole, le député libéral Francis Drouin les a qualifiés d’extrémistes et de ‘pleins de marde’.

Les faits

L’assimilation linguistique s’opère principalement par le biais du marché du travail et de l’école.

Au sujet de l’école, si la Loi 101 oblige les francoQuébécois et les néoQuébécois à fréquenter l’école publique française au primaire et au secondaire, cette loi est muette au post-secondaire, c’est-à-dire au niveau des Cégeps et des universités.

Malheureusement, après avoir été scolarisés en français au primaire et au secondaire, une proportion croissante de jeunes francoQuébécois font leurs études post-secondaires en anglais.

Chez les adolescents de langue maternelle française qui ont entrepris un parcours scolaire destiné à les mener à l’université — en somme, ceux qui ne sont pas inscrits à un DEC technique — 80 % de ceux qui font leurs études collégiales en anglais s’inscrivent à une université anglaise alors que ce pourcentage est de 13 % chez ceux qui ont fait leurs études collégiales en français.

En somme, le Cégep anglais constitue un choix de vie définitif; la plupart des adolescents inscrits à un Cégep anglais espèrent travailler en anglais à la suite de la remise de leurs diplômes.

Cela s’explique facilement. Les détenteurs d’une formation collégiale ou universitaire seront plus à l’aise, pour le reste de leur vie, de s’exprimer en anglais dans leur domaine de compétence puisque les termes techniques, les concepts et les notions apprises l’auront été dans cette langue.

Dans son premier rapport annuel, le nouveau commissaire à la langue française note que l’utilisation de l’anglais par les francoQuébécois et les néoQuébécois est liée au fait d’avoir étudié dans un Cégep ou dans une université anglaise.

Le mécanisme de l’assimilation

En 2009, plus de 3 200 étudiants provenant principalement de sept Cégeps de l’ile de Montréal ont répondu à un questionnaire comptant plus de quarante questions et portant leurs comportements linguistiques.

Pour ce qui est de leurs préférences cinématographiques, les collégiens anglophones ne sont pas intéressés par les films en français (d’ici ou d’ailleurs), peu importe la langue de leurs études.

Toutefois, autant chez les collégiens francophones qu’allophones, l’intérêt pour le cinéma en français chutait de manière importante chez ceux qui fréquentent les Cégeps anglais.

Ce phénomène se retrouvait également (mais avec une chute d’intérêt moindre) quant aux émissions de télévision.

On peut présumer que ce qui était vrai pour la télévision en 2009 est probablement vrai de nos jours pour les sites internet.

Les auteurs de cette étude concluaient que la fréquentation d’un Cégep anglais est fortement corrélée avec l’utilisation prédominante de l’anglais dans l’ensemble des situations quotidiennes.

Une fois diplômés, une bonne partie de ceux qui fréquentaient les Cégeps ou les universités anglaises sont devenus indifférents à être servis dans une autre langue que le français.

En d’autres mots, ils se désolidarisent des francoQuébécois unilingues qui sont victimes de discrimination à l’embauche, ceux-ci étant vus comme des pleurnichards qui n’ont qu’à apprendre l’anglais.

Les quelques années qui sont nécessaires pour effectuer des études post-secondaires en anglais ne sont pas suffisantes pour transformer un étudiant francoQuébécois en angloQuébécois.

Mais cette formation anglaise est associée à une propension plus grande à écouter par la suite des films en anglais, à assister à des spectacles en anglais, à lire des livres en anglais, à consulter des quotidiens anglais, et à écouter les actualités en anglais.

Une fois diplômé, le cercle d’amis d’un Francophone qui a fait ses études en anglais est habituellement composé de collègues avec lesquels il a étudié, soit des personnes bilingues et des angloQuébécois unilingues, c’est-à dire un groupe au sein duquel l’anglais est la seule langue commune.

À s’exposer à l’idéologie qui prévaut chez les angloCanadiens, on en vient peu à peu à penser comme un angloQuébécois, au fur et à mesure que son vocabulaire en français — de moins en moins utilisé — se rétrécit au point qu’on devient plus à l’aise de s’exprimer dans la langue de Shakespeare.

N’est-ce pas ce qu’on appelle l’assimilation ?

Conclusion

Le ‘distingué’ député Drouin souffre d’aveuglement volontaire en refusant de croire les faits, c’est-à-dire que les Cégeps et universités anglophones de Montréal — ces dernières grassement financées par Ottawa — sont au cœur de la machine assimilatrice à l’anglais.

Au Québec, Ottawa verse 2 663$ par étudiant anglophone à plein temps et 1 430$ pour un étudiant francophone à plein temps.

Le résultat, c’est que les Cégeps et universités anglaises ont 56 % plus d’argent pour former chacun de leurs étudiants. Cela entraine des classes plus spacieuses, des laboratoires mieux équipés, et plus de moyens pour favoriser la réussite des travaux de recherche.

Pas étonnant qu’un nombre croissant d’adolescents francoQuébécois choisissent un parcours scolaire qui conduira à leur assimilation linguistique.

Tant que le peuple francoQuébécois paiera des taxes et des impôts à Ottawa — autrement dit tant que Québec ne deviendra pas un pays indépendant — notre argent servira à favoriser notre lente extinction.

Merci au député Drouin de nous donner l’occasion d’y réfléchir…

Références :
Au Québec, les universités anglaises sont favorisées
Le défilé des Rhodésiens
Les cégeps français à Montréal : le début de la fin ?
Protection du français : Témoins « pleins de marde » : « Non, je ne m’excuse pas », dit le député
Rapport d’activités 2022-2023 – Commissaire à la langue française
Sans l’indépendance, pas d’avenir pour le français comme langue nationale
Une analyse des comportements linguistiques des étudiants du collégial sur l’ile de Montréal
Universités anglophones: 200 M$ par année pour angliciser le Québec

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Au Jardin de Chine, sur l’avenue Morgan et au château Dufresne

11 mai 2024



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Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Helios 85mm F/1,5 + filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu 80c de Calumet
1re photo : 1/1000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
2e  photo : 1/1000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
3e  photo : 1/2000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
4e  photo : 1/1000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


La botanique en infrarouge

10 mai 2024



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Un appareil infrarouge à spectre complet possède la propriété de capter à la fois la lumière visible et le rayonnement infrarouge.

Toutefois, l’infrarouge compte pour environ la moitié du spectre solaire. Son abondance fait en sorte que tous les objets photographiés par un tel appareil apparaitront plus ou moins contaminés par du rouge ou du magenta.

En modifiant l’équilibre entre le visible et le rayonnement infrarouge, on peut sélectivement faire en sorte que ce qui relève du règne minéral apparaisse à peu près comme nos yeux les perçoivent, tandis que les êtres vivants demeurent rougeâtres.

Mais qu’arrive-t-il lorsque tout ce qui est photographié est issu du règne végétal ou animal ?

C’est le défi que doit relever la photographie infrarouge en botanique.

L’intérêt de la photo découle alors des différences de luminosité entre ce qui est pâle et ce qui est foncé. Comme c’est le cas d’une photo en blanc et nour.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Helios 85mm F/1,5 + filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu 80c de Calumet
1re photo : 1/1000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
2e  photo : 1/2000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
3e  photo : 1/1000 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm
4e  photo : 1/2500 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Une promenade printanière

9 mai 2024
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Dans certaines circonstances, l’objectif Helios 85 mm F/1,5 crée des arrière-plans (ou bokehs) ‘tourbillonnants’ qui font sa renommée.

Ce n’est pas le cas ici. Toutefois, les personnes intéressées peuvent cliquer sur ceci pour en voir un exemple.

Au printemps, j’aime bien utiliser cet objectif pour photographier des tulipes, des iris barbus et des petites fleurs des sous-bois. Plus la fleur est modeste, plus cet objectif l’embellit.

Cet après-midi, j’ai voulu essayer cet objectif en infrarouge ‘Rose bonbon’. Mais au lieu du rose intense que j’ai l’habitude d’obtenir, le résultat fut plutôt un rose délicat que je trouve très séduisant.

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif Helios 85mm F/1,5 + filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu 80c de Calumet — 1/800 sec. — F/1,5 — ISO 200 — 85 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Visite récente au Jardin de Chine

8 mai 2024





Détails techniques : Sigma DP1 infrarouge à spectre complet.
Pré-traitement : filtres Fuchsia pour Foveon (filtre bleu B+W KB20 + filtre vert jaunâtre B+W 061 + filtre bleu LBC8 de Kenko + filtre anti-infrarouge partiel GRB3/KG3)
Post-traitement léger (dont Teinte +5)
1re photo : 1/80 sec. — F/4,0 — ISO 100 — 16,6 mm
2e  photo : 1/40 sec. — F/4,0 — ISO 100 — 16,6 mm
3e  photo : 1/40 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 16,6 mm
4e  photo : 1/40 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 16,6 mm
5e  photo : 1/30 sec. — F/4,0 — ISO 100 — 16,6 mm

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Écrit par Jean-Pierre Martel


McGill : protestataires vs donateurs

6 mai 2024


 
Le budget de fonctionnement de l’université McGill dépasse le milliard de dollars par année. Une partie de cette somme sert à payer des gardes de sécurité.

Cela évite d’appeler les forces policières chaque fois qu’un délit mineur est commis sur le campus de McGill. Parce que la police municipale a mieux à faire que de réprimer des délits insignifiants survenus sur des propriétés privées.

Toutefois, cet établissement est parfaitement justifié de réclamer l’intervention policière lorsqu’on paralyse son fonctionnement.

Ce n’est pas le cas actuellement puisque les tentes dressées par les protestataires pro-palestiniens n’entravent pas l’accès à ses bâtiments.

De plus, les protestataires ont bien pris soin de protester contre ce qui se passe à Gaza en évitant soigneusement de propager de la haine contre le peuple israélien ou contre les Québécois de religion juive.

C’est d’ailleurs pourquoi un rabbin antisioniste fait partie, par exemple, des protestataires.

Leurs opposants pro-israéliens les accusent d’antisémitisme sans en faire la preuve puisque dans leur esprit, toute critique de l’État d’Israël est de l’antisémitisme.

Ceci était dit, il est indéniable que les protestataires pro-palestiniens causent des dommages à la propriété de McGill puisqu’ils piétinent son gazon. Et le temps pluvieux des derniers jours empire évidemment la situation.

Quand le premier ministre du Québec ordonne qu’on mette fin à l’occupation (illégale, souligne-t-il) à McGill, est-il bien certain que dans une société démocratique, le respect du droit de propriété d’une pelouse l’emporte sur le droit de manifester ?

Parce que ce qui est en cause ici, ce n’est pas seulement le droit de propriété, mais également le droit de manifester.

Rares sont les manifestations où les participants demeurent chez eux. En somme, on manifeste toujours sur la propriété d’autrui. Celle-ci peut être privée ou publique.

Si les protestataires désiraient une autorisation municipale pour déambuler pacifiquement sur la voie publique, ils l’obtiendraient facilement. Mais l’auraient-ils s’ils bloquaient pendant deux semaines la rue qui passe devant l’entrée principale de McGill, soit la rue Sherbrooke ? Surement pas.

L’auraient-ils s’ils occupaient un parc municipal ? Pas très longtemps puisqu’on invoquerait bientôt le droit des citoyens de profiter des espaces verts de la ville.

Bref, l’occupation pacifique d’une partie de la pelouse de McGill ne justifie pas, pour l’instant, une intervention policière. Et ce, pour les mêmes raisons que les tribunaux ont refusé jusqu’ici d’accorder les injonctions réclamées devant eux.

Le fond du problème, c’est que l’université McGill est menacée par une partie de ses donateurs qui réclament l’expulsion des manifestants pro-palestiniens à défaut de quoi leur mécénat s’exercerait ailleurs.

Et quand le premier ministre intervient dans ce dossier, ce n’est pas parce que son ministère de l’Environnement s’inquiète du sort du gazon piétiné à McGill, mais parce que cette institution invoque le risque de voir diminuer le mécénat dont elle bénéficie.

D’où la question : la Démocratie a-t-elle un prix ?

Références :
Et si McGill négociait au lieu d’appeler la police ?
Guillaume Meurice entendu en audition libre par la police à la suite de son sketch polémique sur Benyamin Nétanyahou
François Legault demande à la police de démanteler le campement à McGill

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Écrit par Jean-Pierre Martel


Le temps des bourgeons (3e partie)

5 mai 2024
Poirier ‘Summercrisp’
Pommetier ‘Liberty’
Viorne de Carles ‘Juddii’
Tilleul d’Amérique

Détails techniques : Olympus OM-D e-m5, objectif M.Zuiko 40-150mm F/2,8 + multiplicateur de focale M.Zuiko MC-14
1re photo : 1/1000 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 150 mm
2e  photo : 1/640 sec. — F/5,6 — ISO 200 — 190 mm
3e  photo : 1/800 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 210 mm
4e  photo : 1/640 sec. — F/4,0 — ISO 200 — 85 mm

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